top of page

Appel à articles TTR 39.2 - Repenser l'autotraduction : changements de paradigmes

Co-dirs : Christopher Mole (Université Sorbonne Nouvelle), Trish Van Bolderen (chercheuse indépendante, Irlande)


Il y a 20 ans à peine, le simple fait d’étudier l’autotraduction représentait une entreprise radicale : ce type de recherche était relativement nouveau et la nature subversive des réflexions et conclusions qui en émergeait venait ébranler plusieurs des clés de lecture pour comprendre la traduction, l’auctorialité, le langage et l’identité.

Mais en 2024, l’autotraduction s’est taillée une place considérable en traductologie ; et pour que la recherche demeure porteuse d’avancées et continue de représenter les enjeux contemporains liés aux pratiques et aux processus de l’autotraduction et d’y répondre, il faudra qu’elle embrasse de nouveaux horizons et remette en question 1) les postulats fondamentaux en autotraduction et 2) les paradigmes épistémologiques qui dominent la recherche en autotraduction. À ce jour, par exemple, l’autotraduction a presque toujours été considérée à partir du paradigme littéraire avec des analyses diversement ancrées soit dans la comparaison entre textes sources et cibles, dans des approches sociologiques qui nourrissent la réflexion sur les acteurs et les contextes littéraires, ou encore dans la critique génétique (des objectifs par ailleurs louables). Par conséquent, tout un monde d’activités non littéraires en autotraduction demeure largement méconnu, et ainsi, de nombreuses expériences vécues et leurs complexités conceptuelles se retrouvent non examinées et mal comprises.


Ce numéro thématique vise à pallier de tels angles morts en repensant les postulats et paradigmes liés à la recherche en autotraduction, où cette notion est définie selon son acception la plus commune : la traduction par soi-même. Nous sollicitons des articles qui prennent part au changement de paradigme en autotraduction en explorant des questions comme :


•Les différences entre l’autotraduction et la traduction allographique sont-elles si importantes? Si oui, que peut-on apprendre de plus sur la traduction allographique en élargissant et en approfondissant notre appréciation de telles distinctions?

•Quelles sont les dimensions physiologiques (expressions, répercussions) de l’autotraduction? Comment leur considération peut-elle ouvrir de nouvelles pistes de recherche?

•Comment peut-on comprendre la performativité dans le contexte des produits ou des processus en autotraduction?

•Quelles nuances restent encore à saisir au sujet de l’autotraduction lorsqu’il est question du chevauchement et des distinctions à faire entre la traduction PAR soi-même, la traduction DE soi-même, et même la traduction POUR soi-même?

•Quelles facettes de l’autotraduction littéraire tendent à être négligées? Par exemple : quels genres littéraires sont non ou sous-représentés?

Quels sont les postulats qui accompagnent la notion d’autotraduction lorsqu’on examine les perceptions publiques, éditoriales, artistiques ou universitaires qui s’y rattachent? Quelles sont les répercussions philosophiques, sociales, artistiques et matérielles de ces postulats?

•Comment le lectorat a-t-il accès ou interprète-t-il les produits de l’autotraduction? Comment les perceptions et priorités du secteur de l’édition déterminent-elles (restreignent, permettent) ces produits et leurs publics potentiels?

•Combien et quelles sortes de Moi sont compris dans la personne qui s’autotraduit ? Et si l’on fait place à de telles multiplicités, quelles en sont les conséquences?

•En quoi l’autotraduction est-elle une expérience inconfortable? Et comment les personnes qui s’autotraduisent trouvent-elles réconfort dans cet inconfort?

•Comment l’idée du soi en autotraduction peut-elle être comprise, en pratique comme en théorie, à l’ère de l’intelligence artificielle (IA) et de la traduction automatique (TA)?

•Quelles caractéristiques distinguent l’autotraduction dans le contexte d’espaces non littéraires (p. ex., politique, journalisme, fonction publique, sport, espaces domestiques) et de divers médias (p. ex. films, jeux vidéo, plateformes de médias sociaux, balados)?

•Quels sont les liens entre la mémoire et les pratiques de l’autotraduction?

•Quelles sont les limites de l’agentivité dans le contexte des pratiques en autotraduction, et quelles sont quelques-unes des ramifications de ces limites (p. ex. dans le monde au-delà de l’humain)?


Les articles de 8 000 à 11 000 mots, rédigés en français ou en anglais, accompagnés du formulaire d'engagement devront être envoyés avant le 16 février 2026 aux adresses :




Le document Word devra contenir le nom de l’auteur.e, l’appartenance institutionnelle, un résumé en français et en anglais (250 à 300 mots chacun) suivis de 5 mots-clés et une notice biobibliographique (200 à 300 mots).


Tous les articles reçus seront évalués en double aveugle par les pairs. La publication est prévue pour novembre/décembre 2026. Pour toute question, veuillez vous adresser aux co-directeur.ices du numéro.


Bibliographie sélective de référence

Bujaldón de Esteves, Lila et al., dir. (2019). Literary Self-Translation in Hispanophone Contexts: Europe and the Americas. London, Palgrave Macmillan.

Castro, Olga et al., dir. (2017). Self-Translation and Power. Negotiating Identities in Multilingual European Contexts. Londres, Palgrave Macmillan.

Cordingley, Anthony (2013). « The Passion of Self-Translation: A Masocritical Perspective. » Anthony Cordingley, dir. Self-Translation: Brokering Originality in Hybrid Culture. Londres et New York, Bloomsbury, pp. 81-94.

Cordingley, Anthony (2018). « Self-Translation. » Kelly Washbourne and Ben Van Wyke, dir. Routledge Handbook of Literary Translation. Abingdon et New York, Routledge, pp. 352-368.

Desjardins, Renée (2019). « A Preliminary Theoretical Investigation into [En ligne] Social Self-Translation : The Real, the Illusory, and the Hyperreal. » Translation Studies, 12, 2, pp. 1-21. DOI: 10.1080/14781700.2019.1691048

Ferraro, Alessandra et Rainier Grutman, dir. (2016). L’autotraduction littéraire : Perspectives théoriques. Paris, Classiques Garnier.

Gentes, Eva et Trish Van Bolderen, dir. (2024). « Literary Self-Translation in the 21st Century : A Global View. » Journal of Literary Multilingualism, 2, 1, pp. 1-10.

Grutman, Rainier (1998). « Auto-translation. » Mona Baker and Gabriela Saldanha, dir. The Routledge Encyclopedia of Translation Studies. Londres et New York, Routledge, pp. 17-20.

Grutman, Rainier (2018). « The Self-Translator as Author: Modern Self-Fashioning and Ancient Rhetoric in Federman, Lakhous, et De Kuyper. » Judith Woodsworth, dir. The Fictions of Translation. Amsterdam and Philadelphia, John Benjamins, pp. 15-30.

Jung, Verena (2002). English-German Self-translation of Academic Texts and its Relevance for Translation Theory and Practice. Francfort, Peter Lang.

Kippur, Sara (2015). Writing It Twice: Self-translation and the Making of a World Literature in French. Evanston, Northwestern University Press.

Klimkiewicz, Aurelia (2013). « Self-Translation as Broken Narrativity: Towards an Understanding of the Self’s Multilingual Dialogue. » Anthony Cordingley, dir. Self-Translation: Brokering Originality in Hybrid Culture. Londres, Bloomsbury, pp. 189-201.

Lahiri, Jhumpa (2022). Translating Myself and Others. Princeton, Princeton University Press.

Minors, Helen Julia (2023). Music, Dance and Translation. Londres, Bloomsbury.

Panichelli-Batalla, Stéphanie (2015). « Autofiction as a Fictional Metaphorical Self-Translation. » Journal of Romance Studies. 15, 1, pp. 29-51.

Saint-Martin, Lori (2022). Un bien nécessaire: éloge de la traduction littéraire. Montréal and Québec, Boréal.

Saint-Martin, Lori (2023). Pour qui je me prends. Paris, Éditions de l’Olivier.

Shread, Carolyn (2009). « Redefining Translation through Self-Translation: The Case of Nancy Huston. » French Literature Series, 36, pp. 51-61.

Stavans, Illan (2018). On Self-Translation. Meditations on Language. Albany, State University of New York Press.

Stocco, Melisa (2021). La Autotraducción en la Literatura Mapuche. Francfort, Peter Lang.

Wilson, Rita (2009). « The Writer's Double: Translation, Writing, and Autobiography. » Romance Studies, 27, 3, pp. 186-198. DOI: 10.1179/174581509X455150

Wilson, Rita (2017). « Forms of Self-Translation. » Nicholas Monk et al., dir. Reconstructing Identity. Cham, Springer International Publishing, pp. 157-177. DOI: 10.1007/978-3-319-58427-0_8


 
 

Posts récents

Voir tout

© Wynne Miller et Audrey Canalès, site propulsé par Wix.

bottom of page